- BOLCHOÏ
- BOLCHOÏBOLCHOÏPrenant la suite de l’Operny Dom, inauguré en 1742, puis d’un second théâtre du même nom inauguré en 1759, le théâtre Petrovsky, construit à l’instigation du prince Ouroussov, détenteur à partir de 1776 du privilège des représentations théâtrales à Moscou, est inauguré en 1780. Œuvre de l’architecte Rosberg, dirigé par un Anglais énergique, Michael E. Maddox, le théâtre produit aussi bien l’opéra et le ballet que l’art dramatique.Un incendie l’ayant détruit en 1805, la troupe, rattachée à la direction des théâtres impériaux, après avoir provisoirement investi le palais Volkonski, puis le palais Pachkov, s’installe en 1806 dans un bâtiment de l’architecte Carlo Rossi, appelé Bolchoï Teatr (« Grand Théâtre»). Il brûle à son tour en 1812 pendant l’occupation napoléonienne, et ce n’est qu’en 1822 que débute la construction du nouveau Bolchoï Petrovsky, par l’architecte Bovet. Inauguré le 6 janvier 1825, il accorde une plus large place au répertoire national et voit entre autres les créations de La Vie pour le tsar (1842) et de Russlan et Ludmilla (1846) de Glinka. En 1853, un incendie détruit l’intérieur du théâtre, qui sera reconstruit par l’architecte Cavos; la colonnade et les murs extérieurs seront conservés. Inaugurée le 20 août 1856, la nouvelle salle comporte près de 2 000 places, la scène est l’une des plus vastes du monde et le répertoire est désormais uniquement lyrique et chorégraphique. Mais, depuis le rattachement du théâtre à la direction des théâtres impériaux de Saint-Pétersbourg, la politique de création s’éloigne radicalement du répertoire national, au point qu’en 1861 le Bolchoï se trouve loué à une troupe italienne, réservant une seule soirée hebdomadaire à l’opéra russe.Ce n’est qu’à partir de la création d’Eugène Onéguine de Tchaïkovski, en 1881, que le répertoire national reprendra lentement sa primauté: Rubinstein et Serov d’abord, puis Moussorgski (Boris Godounov en 1888), Rimski-Korsakov (Snegourotchka en 1893), Borodine (Le Prince Igor en 1898) imposeront le fond même du répertoire russe international. En parallèle, sous l’impulsion du directeur Savva Mamontov et du fait de la rivalité due au répertoire italien, la troupe offre bientôt une pléiade de chanteurs de premier plan, l’orchestre et les chœurs atteignent à un renom international, tandis que se développe la fameuse tradition chorégraphique du théâtre, dont le renom culmine au début du XXe siècle alors qu’entrent au répertoire les œuvres de Dargomijski et de Rachmaninov. Trois artistes exceptionnels marquent cette époque: Antonina Nejdanova, Leonid Sobinov et Feodor Chaliapine.Après la révolution d’Octobre, le Bolchoï rouvre en avril 1918 et annexe le théâtre Filial et le théâtre Zumin, où seront données les œuvres légères et expérimentales. Car la tâche de ses directeurs consiste désormais à créer, à côté du répertoire national, un répertoire contemporain directement lié à la nouvelle société soviétique. Prokofiev et Chostakovitch dominent une production par nature fermée sur elle-même.Le style du théâtre, extrêmement pompeux et vieillot, est lentement influencé par les recherches de Stanislavski à l’Opera Studio et de Nemirovitch-Dantchenko; mais, après la Seconde Guerre mondiale, l’ouverture au répertoire des pays frères (Fidelio de Beethoven!) comme à celui des républiques soviétiques n’altère en rien une rigidité artistique flagrante, surtout lorsqu’elle est confrontée à la production lyrique et chorégraphique mondiale lors de retentissantes tournées internationales telles que la première, en 1964, à la Scala de Milan, où elles affichent les formidables qualités de la troupe autant que l’immobilisme de la direction artistique. À partir de 1961, les spectacles se déroulent aussi au palais des Congrès du Kremlin.Depuis la perestroïka, le fossé ne cesse de s’accentuer avec les grandes scènes lyriques occidentales. Les bâtiments sont dans un état de délabrement inquiétant et, faute de devises, aucune restauration n’est entreprise. Contrairement au théâtre Mariinski (ex-Kirov) de Saint-Pétersbourg, qui s’adapte aux nouvelles conditions du marché par une politique de tournées et en renouvelant ses productions, le Bolchoï ne parvient pas à se défaire de luttes intestines et de l’ingérence du pouvoir politique. La direction, assurée depuis 1988 par Valentin Kokonine, lutte contre l’hémorragie de chanteurs et de musiciens qui cherchent en Occident de meilleures conditions de travail.Bolchoïthéâtre de Moscou construit en 1824, détruit par un incendie (1853), puis reconstruit en 1856 par Alberto Cavos. Il est célèbre par ses ballets et sa troupe d'opéra.
Encyclopédie Universelle. 2012.